jeudi 26 mars 2009

"La Kabylie libre demeure un rêve"

L’espoir d’une Kabylie libre, avec la possibilité de parler berbère, fait rêver jusqu’à Lyon. Pourtant, les militants kabyles sont loin de s’accorder sur le sujet.

800px-location_kabyliesvg.1231707792.pngA l’islam et au totalitarisme, des militants kabyles opposent des valeurs de démocratie et de tolérance. Mohammed Amalloul, présentateur d’une émission berbère sur Radio Pluriel, énonce les valeurs qu’il revendique berbères et pour lesquelles il milite : « démocratie, respect et liberté  ». Il oppose ce triptyque à la fanatisation de l’islam qui a lieu en Algérie.

« Excédés par l’autoritarisme du régime, certains Kabyles pensent se séparer des « Arabes » pour construire la démocratie », explique Lahouari Addi, professeur titulaire à l’Institut d’Etudes Politiques de Lyon spécialisé dans les questions du monde arabe. S’il est question d’autonomie, personne n’envisage l’indépendance. Pour Makhloufi Dalil, président de l’association Tagmat, « parler d’indépendance, à l’heure actuelle, relève du suicide mais la Kabylie libre demeure un rêve ».

La revendication d’autonomie est plus de nature régionaliste qu’idéologique selon Lahouari Addi. Le modèle catalan est souvent cité en exemple dans les revendications pour une autonomie. Le webmaster du site kabyle.com, Stéphane Mérabet Arrami prône une Kabylie libre avant même la promotion de la culture berbère. Son discours se radicalise lorsqu’il compare la présence arabe en Kabylie à une « occupation coloniale  ». «  Il y a une résistance intérieure et extérieure comme pour la France pendant la Seconde Guerre Mondiale  », argumente-t-il.

Les Kabyles de Lyon s’accordent pour dénoncer l’autoritarisme du régime algérien. Mais, la défense de la Kabylie libre est loin de faire consensus. Un référendum en faveur de l’autonomie n’est pas prometteur parce que les Kabyles sont minoritaires en Algérie. Pour le président de Tagmat et animateur de l’émission Berbère sans frontières sur Radio Canut, Makhloufi Dalil, l’identité et la langue berbère doit s’imposer pour « résister à la tentative de normalisation de la région à l’image des autres, d’arabiser la Kabylie  ». Le combat est difficile car le gouvernement peut «  couper les routes et éteindre l’électricité ».

Lahouari Addi nuance ces propos en disant qu’ «  il ne faut pas oublier que beaucoup de membres du gouvernement sont des Kabyles ». Naïma Djellouli, présentatrice de l’émission Patrimoine et tradition sur Radio Pluriel se dresse contre une tentation de «  victimisation  ». La jeune femme pense que le discours sur l’autonomie vire à un rejet. Elle s’y oppose et se dit pour «  la diversité en Algérie. J’en suis même fière ». Autonomie ou non, la question centrale reste de savoir comment préserver la culture berbère en Algérie. 

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